vendredi 7 février 2014

Juste un point dans le ciel



Une petite blonde avec queue de cheval, manteau doudoune marron et jean, le visage vers les rails. Un grand homme assis sur un siège en plastique bleu dont les mains de tapotent. Le dos d'un homme en jean qui s'éloigne dans une bouffée acre de fumée. Brushing lisse sur carré de mèches noisette, lèvres pincées peintes en orange, veste en laisse grise, elle avance vers le RER qui vient d'arriver à la station Bourg La Reine. L'homme au crâne surmonté d'un bonnet pointu et noir, regarde de l'autre côté de la vitre rayée, il cligne les yeux sur le bord pentu et recouvert de gazon, le bord qui défile. La femme noire assise à sa droite sort un miroir carré de son sac et appuie un bâton de rouge à lèvres sur les siennes. Puis elle déplie les branches de ses lunettes en écailles et les place délicatement sur son nez. Derrière elle deux jeunes femmes recouvertes de foulards discutent en faisant des gestes. 
Aucune ne lève un regard vers le ciel vide et gris. Et c'est tant mieux. Car si l'une d'elle regardait au loin, encore faudrait il que ses yeux soient plus perçants que ceux d'un aigle, si elle regardait plus loin que l'espace, voici ce qu'elle pourrait peut-être apercevoir...Au fond du fin de la galaxie, une silhouette affutée, étincelante, qui déboule de sa planète Zenn-La. Doté du Pouvoir Cosmique, recouvert d’une peau argentée indestructible à l’aspect métallique, il fend l’air juché sur une planche supraluminique dirigée par la seule puissance de sa pensée. Le voici en direction de la Terre, surfant au-dessus de nos têtes et de nos trajets répétitifs. Le voici légèrement penché et les bras écartés pour s’appuyer sur la densité de l’air. Le voici rapide comme un missile attiré par la planète bleue comme par un aimant. De ses trajectoires déliées et souples, nous ignorons tout. Quelques humains connaissent son nom : the surfeur silver.
 
                                                                   Peinture Esad Ribic
Photo © Marvel, janvier 2014

Texte de Camille Philibert-Rossignol

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

Que sont Les vases communicants ?
Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre

Si vous êtes tentés par l’aventure, faites le savoir ici.  

Et les lectures de ce mois sont à poursuivre ici. Et en particulier le texte de François Le Niçois publié sur Camillephi.blogspot.fr

1 commentaire:

manouche a dit…

Chouettes, les petits hommes verts !